Economies d'énergie en temps de guerre: peut-on se passer entièrement du gaz russe ?

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Team Enectiva

La montée des tensions entre l’Europe et la Russie ces derniers mois a vu une augmentation sans précédent des sanctions du Bloc envers la Fédération de Russie. Cette dernière est devenue le pays le plus sanctionné au monde, affectant mécaniquement le commerce. Parmi les sanctions, la question du gaz russe a été au centre du débat public et politique. On sait que l’Europe utilise le gaz russe, et la Russie encaisse volontiers les euros de cet échange. À la lumière de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la question de la coupure totale de tout apport de gaz est sur la table

L’Allemagne, qui a longtemps refusé de soutenir toute mesure de rétorsion contre la Russie pour des raisons économiques, a suspendu la certification de NordStream 2, bloquant ainsi tout apport de gaz. Le flux de gaz dans NordStream 1 a également ralenti en raison de la baisse de la demande de gaz russe. Le gazoduc de Yamal (qui passe par la Biélorussie) a même connu une inversion du flux pendant un moment. En revanche, les gazoducs Brotherhood et Soyuz (qui signifie “union”) qui traversent l’Ukraine ont quant à eux maintenu leur débit. Malgré la guerre et les sanctions, l’Europe continue d’importer du gaz et de le payer à la Russie, et selon Bloomberg, Gazprom continue de payer Kiev pour avoir le droit de traverser l’Ukraine. 

La réalité est que l’Europe n’a pas coupé le gaz russe. Mais pourrions-nous nous en passer complètement ?

Les importations de gaz et de pétrole Russe en Europe 

Pour répondre à cette question, nous devons d’abord examiner les données disponibles pour voir quelle est la situation commerciale. L’UE est relativement dépendante de la Russie en tant que partenaire, la Fédération étant le 3ème exportateur avec 7,5% et le 5ème importateur avec 4,1% selon Eurostat.

Si l’on se concentre sur le commerce avec la Russie, la grande majorité des importations est constituée de produits liés à l’énergie. La réduction de ces importations représenterait une perte importante en termes d’importation de gaz naturel et de pétrole brut pour l’Europe, et en termes de revenus pour la Russie.

Quelle est la situation en France?

La France se fournit majoritairement en gaz Norvégien car 36.3% des importations de gaz en France proviennent de la Norvège selon Eurostat. Le gaz Russe ne représente donc qu’une faible partie des importations françaises, avec 16.9% en 2020. Cependant, comme nous pouvons le voir grâce au graphique ci-dessus, la France a la 3eme plus grosse consommation de gaz en Europe; ses 16.9% d’importation de gaz Russe représentent donc une grande quantité de gaz comparé à la majorité des pays Européens. Comme ordre de comparaison, la consommation française de gaz Russe représente 7 780,4 millions de mètres cubes, ce qui équivaut à la quasi-totalité de la consommation de la République Tchèque (8 500 millions de mètres cubes, dont 7 590 proviennent de la Russie).

Effectivement, la France est moins dépendante du gaz Russe que l’Italie, l’Allemagne ou même les Pays Bas, et la France ne dépend pas à 100% des importations Russes comme la République Tcheque ou la Hongrie. Cependant, le faible pourcentage de ce gaz représente tout de même une quantité non négligeable de mètres cubes dont il serait difficile de se séparer.

L’Europe peut-elle être 100% indépendante du gaz Russe? 

Peut-on être indépendant du gaz et du pétrole de la Russie et s’approvisionner ailleurs ? C’est la question que tous les pays européens se posent en ce moment, et même si elle semble assez simple en théorie, elle est beaucoup plus difficile à mettre en place.

Compte tenu de la forte dépendance des pays européens (notamment les pays de l’est) vis-à-vis du gaz et du pétrole russes, l’arrêt complet de l’approvisionnement en ressources naturelles russes serait très difficile, voire impossible, pour l’Union Européenne. Dans l’hypothèse d’un arrêt complet de l’approvisionnement russe, les ressources naturelles deviendraient rares en Europe, entraînant une forte augmentation de leur prix et un changement des habitudes quotidiennes de la population européenne.

Parallèlement, la suppression de la Russie en tant que fournisseur entraînerait de graves conséquences économiques pour le géant de l’approvisionnement en gaz. En effet, l’Europe achète plus de 45 % du gaz et du pétrole russes en 2021, ce qui en fait le premier partenaire et la première source de revenus de la Russie. En perdant la dépendance de l’Europe vis-à-vis de ses ressources, la Russie se retrouverait avec un trou de 158,5 milliards d’euros (importations de ressources naturelles de l’UE en 2021) dans son économie.

Le gaz représente une part faible mais non négligeable dans la répartition de la consommation d’énergie primaire en France. En effet, elle représente 15,8% de la consommation totale d’énergie française. De plus, le secteur du résidentiel-tertiaire représente 49% de la consommation énergétique de la France, une part qui a augmenté de 6% depuis 1990 (selon le Ministère de la Transition Écologique). Cela signifie que chacun a sa part a jouer dans la baisse de la consommation énergétique, et tout particulièrement dans la consommation de gaz. Enectiva vous propose donc quelques conseils pour réduire votre consommation de gaz au quotidien pour différents secteurs.